L'Isle-Jourdain

Présentation générale
Description géographique
Histoire
Structure
Personnages Illustres
Patrimoine
Administration

 

Présentation générale




L'Isle-Jourdain vue du Sud

La ville de L'Isle-Jourdain, qu'il vaudrait mieux appeler Lisle-Jourdain du nom de ses habitants, les Lislois, est située entre Toulouse (35 km) et Auch (45 km) sur les bords de la Save, affluent de la Garonne, à une altitude moyenne de 150 m.

Ce castelnau a été fondé au XIIème siècle par les Jourdains (d'où son nom) et se nomme aussi Lislo de bash en langage vernaculaire, par opposition à Lislo de haut (L'Isle en Dodon) située en amont.

Il s'étend sur 7.043 ha à l'extrémité orientale du département, ce qui en fait la commune la plus vaste du département : Elle a ainsi conservé à peu de choses près ses limites de 1289. Lui ont été rattachées au XIXe siècle les anciennes communes d'Araguès et de Cassemartin.

La ville est le centre d'un carrefour dont l'axe principal menait de Toulouse à l'est à une bifurcation importante au Moyen-âge : Auch à l'ouest et Lectoure au nord-ouest.

Les deux routes bifurquaient au centre de la ville (place Gambetta) et franchissaient la Save au pont Peyrin et au pont Tourné, tous deux datés au moins du XIIIe siècle : le premier est en ruines et le second réduit à l'état de vestiges mais encore franchissable par les piétons.

Cet axe est coupé par la route (D9) qui joint Montauban à Lombez en suivant du nord au sud la vallée de la Save (D634). Récemment, une rocade issue de la déviation de la RN 124 évite la ville par le sud ; La route à grand gabarit la contourne au nord le long de la rive gauche et de la voie ferrée Auch-Toulouse.



Vue aérienne de L'Isle-Jourdain (Direction S->N)



Blason de L'Isle-Jourdain

Depuis au moins le XVIème siècle, la commune possède des armoiries qui se lisent : Écartelé : aux 1 et 4 contre-écartelé d'argent au lion de gueules et de gueules au léopard lionné d'or (Armagnac-Rodez) ; aux 2 et 3 de gueules à la croix cléchée, vidée et pommetée d'or (Toulouse-Lisle) et une devise du XIXème siècle : hospes atque fidelis.

Description géographique




Plan actuel de L'Isle-Jourdain

La commune occupe les premiers vallonnements des coteaux gersois. Elle est traversée du sud au nord par la Save, qui creuse son lit au tracé sinueux et au faible débit dans une argile peu souple (terrefort) et dont les crues sont aussi rares que redoutables, surtout lorsqu'elles coïncident avec celles de la Garonne. Par contre, en temps de sécheresse, ses eaux ruissellent et ne coulent guère que grâce à un complément délivré par le canal de la Neste.

Faisant contraste avec la large plaine qui s'étend au-delà de Léguevin sur la deuxième terrasse de la Garonne, la commune est ravinée par de nombreux ruisseaux actuellement peu actifs comme le ruisseau de Remoulin, du Courdé, de l'Hesteil...

Elle culmine à 304 m. près de Rudelle.

Histoire




Bifaces en quartzite (Paléolitique Inférieur)



Haches néolithiques et couteau en quartzite



Fouilles de "La Gravette"
Eglise romane et église paléochrétienne
(clichés JP. Cazes)

Plus près de nous, il fut le siège d'un relais romain sur la route d'Auch à Toulouse nommé Mutatio Bucconis.

Il a été transformé durant le haut Moyen-âge en un village appelé Ics (Ictium), peuplé au VIe siècle par une garnison franque.

Le lieu a abrité une basilique et une nécropole de plus de 1.500 tombes.

Ces vestiges ont disparu lors du creusement de la déviation méridionale de la RN 124, mais le site n'a été qu'incomplètement fouillé.



Fouilles de "La Gravette"
Sarcophages antiques
(1)



Fouilles de "La Gravette"
Sarcophages antiques (2)



Fouilles de "La Gravette"
Ictium - Sépulture médiévale


Fouilles de "La Gravette"
Lame de Francisque (VIe siècle)

Située sur le chemin du pèlerinage de Saint-Jacques (via tolosana), la ville actuelle résulte d'un déplacement à environ 300 m. au nord du site précédent. Il est l'œuvre de ses premiers seigneurs, les Jourdains, dont la dynastie couvre plus de deux siècles, entre le XIIe et le début du XVe. Les Jourdains ont accordé des coutumes aux habitants dès le début de leur règne (fin du XIIe siècle). Ils se sont illustrés aux côtés de leur suzerain, le comte de Toulouse, lors de la première croisade. Ils ont participé plus tard aux guerres d'Italie.
Jean IV d'Armagnac acquit le comté de L'Isle en 1424 et en fit l'une de ses résidences favorites ; mais il dut l'abandonner par suite de ses prétentions régaliennes et l'inconduite de son fils Jean V.

A la suite d'une succession interminable, les consuls lislois tombèrent sous la coupe d'Henri IV qui en fit un territoire protestant avancé face à la très catholique Toulouse, avec Michel d'Astarac-Fontrailles comme sénéchal et les Dubourg, Geeorges et son fils Jean comme gouverneurs de la ville. Ceux-ci en chassèrent le clergé : ils démolirent la collégiale instaurée par le pape Jean XXII et mirent en fuite les Cordeliers implantés à L'Isle depuis 1288. Ils détruisirent en outre sept églises, ne laissant en place qu'une des tours de la collégiale.
L'Edit de Nantes maintint la Religion réformée à L'Isle, mais les restrictions successives de ses concessions, qui aboutirent à la Révocation de l'Édit (pourtant irrévocable), entraînèrent la destruction du château comtal et des fortifications de la ville (1621) puis de son temple (1686). La collégiale fut reconstruite seulement en 1785.

A la Révolution, L'Isle fut le théâtre d'une tragédie liée à une insurrection royaliste (thermidor an VII). Elle fut réprimée dans un bain de sang provoqué par les troupes toulousaines placées sous l'autorité du général Aubugeois, tandis que la ville dut subir un pillage généralisé.

Enfin, lors de la seconde guerre mondiale, les troupes allemandes stationnées à Auch et qui se repliaient à la Libération, furent arrêtées à l'entrée ouest de la ville par la résistance, placée sous les ordres du commandant Parisot, qui y livra un combat vainqueur (19-20 août 1944). Un monument aux morts de ce combat à l'extrémité occidentale du pont Garigliano en commémore le souvenir.


Structure




Vestiges des remparts (Bd Marceau)

 

La ville est bâtie sur la rive droite de la Save, près de l'un de ses affluents, l'Hesteil, ruisseau qui fut jadis l'objet de redoutables crues entraînant même quelques noyades.

Au XIIIe siècle, la ville médiévale était ceinte de murs avec quatre portes et organisée autour de la place à couverts du Mercadieu. Entré par la porte de Toulouse (située aux quatre chemins), l'itinérant pouvait bifurquer soit vers Auch , par la porte Riboiguère (au fond de la rue Pasteur) et le pont Peyrin, soit vers Lectoure par la rue de Save, la porte du même nom et le pont Tourné.

 



L'Isle-Jourdain au début du XVIIe siècle
(essai de reconstitution)

 


L'Isle-Jourdain - Plan de 1808

 

Elle a été restructurée au XVIIIe siècle sous l'impulsion de l'intendant d'Etigny avec le tracé de l'avenue du Commandant Parisot qui la traverse depuis la place du Mercadieu, devenue place Gambetta, jusqu'à la place du marché à la volaille (place Saint-Bertrand, ancienne place du château). On franchit aujourd'hui la Save par le Pont Garigliano, construit avec des pierres de Lectoure.

 


L'Isle-Jourdain - Plan de 1854

 

Comblés au XVIIe siècle, les fossés ont fait place à un boulevard périphérique. De la place Gambetta à l'Esplanade, l'ancienne rue Maguelonne, rectifiée, est devenue rue de la République. La Grand Rue s'appelle désormais rue du XIV juillet, mais, du parvis de la collégiale à l'avenue Parisot, elle a conservé son irrationnel tracé médiéval. Ces deux rues limitent à l'est et à l'ouest la place de l'Hôtel-de-Ville, créée en 1877, qui a dégagé la vue de la façade de la Mairie.

 

 

Personnages illustres




Claude Augé

 

 

Saint Bertrand, évêque de Comminges (né à Isc (XIe s.), Bertrand de L'Isle, avant-dernier évêque de Toulouse (XIIIe s.), Père Antoine Anselme, prédicateur (1652-1737), Claude Augé, lexicographe (1854-1924), Armand Praviel, poète (1875-1944), Joseph Barthélemy, professeur de droit constitutionnel, garde des sceaux (1874-1945), Aymeric de Panat, pastelliste (1886-1965).

Parmi ses hôtes de marque, la ville s'honore d'avoir accueilli "deux diverses fois" Louis XIV (logé chez d'Algayres à la place du Mercadieu et anobli pour l'avoir hébergé aussi à son retour) les 13 octobre 1659 et 23 avril 1650.

En 1848, l'émir Abd-el-Kader et sa suite (87 personnes) campa sur l'Esplanade (27 avril). Il venait d'être assigné à résidence au château de Pau par la seconde République, malgré les promesses de Louis Philippe de lui laisser finir ses jours en pays musulman.

Napoléon, quant à lui, n'y fut que de passage nocturne (nuit du 24 au 25 juillet 1808) sur le trajet d'Auch à Toulouse.

 


Claude Augé et ses collaborateurs



Vitrail de la Semeuse

 



Maison Claude Augé

 


Verrière de la Maison Claude Augé

 



Armand Praviel

 

 


Patrimoine




Château de Panat

 

Bien qu'elle ait subi des pertes irréparables lors des guerres de Religion, la cité lisloise s'est reconstituée lentement, surtout après la Révolution.

Faisant place au premier château, ouvrage considérable érigé sur la place Saint-Bertrand (ancienne place du château) mais entièrement détruit au XVIIe siècle, il existe un autre château construit au XIXe siècle par le marquis de Panat, au style composite.



Pastel Aimeric de Panat

 



Collégiale

 

L'église est une collégiale placée sous le vocable de saint Martin. Eglise orientée néo-classique de Jean Arnaud Raymond (XVIIIe) classée monument historique. Clocher-Tour (MH) provenant de la collégiale antérieure (XIVe). Carillon de neuf cloches, dont "La Merlucienne". Ensemble voûté en berceau à plein cintre reposant sur des corniches droites, éclairé par quatre vitraux en demi-lune. Intérieur remanié au XIXe siècle dans le but de l'adapter au service paroissial Maître-autel tombeau de marbre polychrome (brisé à la Révolution). Chaire en chêne sculpté (XIXe) des frères Vincens. Pietà du XVIIe. Peintures murales du XIXe.



Collégiale

 

Deux autres édifices religieux : couvent des Cordeliers (bâti hors les murs au XIIIe siècle) et couvent des Tertiaires (créé au XVIe siècle), ont été également totalement démolis, leurs emplacements étant occupés, l'un par l'école Paul Bert, l'autre par la halle aux grains.

D'autres églises anciennes, sièges de paroisses indépendantes aujourd'hui disparues, témoignent de l'importance de la Religion sous l'ancien Régime : on peut citer l'église Sainte-Anne de Renoufielle, bâtie toute proche de la Save et rebâtie après sa destruction par les protestants au carrefour des routes de Cologne et de Beaupuy (croix commémorative), ainsi que celle de Notre Dame de Gavansolle qui était proche de l'aire de repos de L'Isle en Gascogne sur la déviation.



Mairie vue du Musée Campanaire

 

La mairie aux proportions démesurées (ancien chef-lieu de district) est inspirée du Capitole de Toulouse. Sur la même place s'ouvre la Halle aux grains (XIXe), construite en grande partie sur l'emplacement du couvent des Tertiaires et transformée aujourd'hui en Musée campanaire. Lui fait face la Maison de Claude Augé (vitraux) à l'insolite style "Ile de France".

Hôpital Saint-Jacques (XVIe - XVIIIe s.) avec porche d'entrée surmonté d'une niche abritant une statuette du saint en bois polychrome.

Fontaine (tarie) de Saint-Bertrand.

Statue de saint Bertrand érigée sur une colonne provenant de la collégiale.

A la sortie ouest, pigeonnier hexagonal d'En Gouardès (site classé), le plus beau des vingt-trois pigeonniers encore debout sur le territoire communal.



Musée Campanaire (Cloche chinoise)

 


Musée Campanaire (Etage - Espace identités)

 



Musée Campanaire (Espace Fonderie)

 


Administration


Chef-lieu de la seigneurie devenue comté au XIVe siècle, L'Isle-Jourdain a reçu vers la fin du XIIe siècle des coutumes dont l'exemplaire consulaire est encore conservé aux archives départementales sous une reliure de bois (poustètes) aujourd'hui refaite. Elle fut administrée successivement par des prud'hommes, remplacés par treize consuls, réduits à sept puis à quatre (1484). Elle appartenait au XVIIIe siècle à l'élection de Lomagne et au diocèse de Toulouse.

Devenue chef-lieu de district sous la Révolution, et aujourd'hui chef-lieu de canton, diocèse d'Auch, la commune compte parmi ses maires les plus récents qui se sont succédé, depuis le XXe siècle, Emile Thoulouse, Jean Ningres, les Barthélémy père et fils, Joseph Délieux, Marius Campistron, Michel Ghirardi, Louis Aygobère et Alain Tourné.

La ville dispose d'une gendarmerie depuis la Révolution. Cette gendarmerie, autrefois à cheval (cinq hommes hébergés avec leurs chevaux dans l'ancien couvent des Cordeliers), s'est déplacée rue Lafayette pour loger actuellement en bordure de la ville au faubourg de Toulouse. Enfin, elle est le siège d'une caserne de Pompiers dont le corps couvre tout l'est du département : elle fait suite au premier pompier placé sous contrat en 1718 en tant que charpentier de la mairie. L'acte stipule en outre qu'il "sera obligé en cas d'incendie lorsqu'il sera appelé de courre au feu pour tâcher de l'éteindre". Beaucoup plus tard (1940) une brigade est née et s'est développée à la suite de l'incendie de La Gavarre. Elle occupe de nos jours la deuxième place par ordre d'importance dans le département.

Une anecdote pour terminer. Durant la bataille de Toulouse de 1814, des anglais passèrent par la ville. Ils accompagnaient en particulier un chariot qui transportait une partie de la paye des soldats. Ils firent halte sous les couverts de la place Gambetta (appelée alors place du Mercadieu), et tandis qu'ils s'étaient réfugiés pendant un orage dans un estaminet proche, des individus pillèrent le chariot. C'est là, dit-on, l'origine de certaines fortunes lisloises dont on pouvait désigner les bénéficiaires encore au siècle dernier...